Bérézina le 27 novembre 1812
La marche de retour s'avère encore plus pénible que celle de l'aller. Le désordre s'installe, en même temps que le froid, la neige et le gel.
Mal équipés pour y résister, les soldats de plusieurs nations se couvrent de tout ce qu'ils peuvent trouver, au point qu'aujourd'hui encore un dicton russe dit d'un homme habillé de bric et de broc qu'il est vêtu « comme un Français de 1812 » !
Les rangs s'éclaircissent un peu plus chaque jour. Il faut livrer bataille à plusieurs reprises, notamment à Krasnoë où sonne le glas de l'armée napoléonienne. Affamée et gelée, elle arrive le 27 novembre sur les rives de la Bérézina.
Des ponts de fortune y on été lancé dans des conditions héroïques.
Malheureusement, ils se brisent tous le 28 dans la matinée et les derniers fuyards se font massacrer par les Russes.
Extrait du drame de la BérézinaPlusieurs officiers supérieurs tenaient leurs chevaux à la bride, car on ne pouvait aller à cheval sur ce pont; il était si fragile, qu'il tremblait sous les roues de ma voiture.
Le temps qui s'était adouci, avait fait un peu fondre les glaces de la rivière, ce qui la rendait bien plus dangereuse. Lorsqu'on eut atteint un village, on s'y arrêta comme l'avait ordonné l'Empereur, et tous les officiers retournèrent près de la Bérézina.
Lorsque le pont se rompit, nous entendîmes un cri, un seul cri poussé par la multitude. Tous les malheureux restés
sur l'autre bord de la rivière tombaient écrasés par la mitraille. C'est alors que nous pûmes comprendre l'étendue du désastre.
La glace n'étant pas assez forte, elle se rompait et engloutissait hommes, femmes, chevaux, voiture.
Les militaires, le sabre à la main, abattaient tout ce qui s'opposait à leur salut, car l'extrême danger ne connaît pas les lois de l'humanité; on sacrifie tout à sa propre conservation. »