ACTION DE SOMOSIERRA - 3011/1808
Napoléon 1er était parti de Aranda de Duero le 28/11/1808, arrivant le 29 à Boceguillas d’où il prépara l’attaque du col de Somosierra. Le 30/11/1808, les Français se disposèrent en deux colonnes d’attaque, une de chaque côté ; lapremière se dirigeant vers les hauteurs, dans la neige, la seconde prenant la
route, couverte par les 6 pièces d’artillerie déployées par le général Sénarmont.
Irrité par la résistance rencontrée, constatant l’inefficacité de l’appui de sa propre artillerie et l’efficacité de celle des Espagnols, impatient de voir la voie ouverte, Napoléon 1er ordonna aux Chevau-Légers Polonais d’enlever la batterie sise surle chemin, pierre angulaire du dispositif de défense espagnol …
Le Général Montbrun et ses Polonais, remplis d’orgueil de se voir accorder une telle mission par l’Empereur lui-même, se lancèrent dans une charge unique dans l’Histoire.
Certains racontent que Napoléon aurait dit :
« Enlevez-moi ça au galop !
Les chevau-légers entendirent l’ordre. Un de leurs officiers, le major Kozietulski, tira son sabre, le leva vers le ciel, et délivra ces deux simples mots :
« Au trot ! »
Les cavaliers s’ébranlèrent, mais ce « Au trot » ne dut pas leur sembler en accord avec l’élan qu’ils ressentaient, et, sans prendre le temps de jauger la mission ni de soupeser l’ordre reçu, par quatre de front, ils s’élancèrent au galop, le sabre haut.
Alors, commença la chevauchée fantastique.
Elle se poursuivit dans le sang : pris en ligne de mire par les artilleurs espagnols qui n’avaient nul besoin de viser pour faire mouche, un tiers des cavaliers s’effondra sur les cailloux de la chaussée. Parmi eux, Kozietulski.
Les suivants se lancèrent à leur tour dans la tragique et magnifique cavalcade. Les trompettes sonnèrent pour faire resserrer les rangs qui s’amenuisaient sous les coups. Rien ne semblait pouvoir arrêter les chevau-légers. C’était l’honneur de la Pologne qu’ils portaient au-devant de l’ennemi. Et l’Empereur les regardait !
Ils déboulèrent au milieu de la fumée et des cris, renversèrent les palissades qui masquaient les pièces et abritaient les soldats espagnols, sabrèrent les artilleurs sur leurs canons. Ce fut une troupe de diables superbes et sanglants que les Espagnols effarés, puis paniqués, virent déferler sur eux.
Au sommet, un seul officier, le lieutenant Niegolewski, était encore indemne.
Pas pour longtemps. Alors qu’avec ses cavaliers restants il s’acharnait à museler la dernière batterie du sommet, un boulet tua son cheval et lui brisa la cuisse. Voyant l’un de ces « diables » à terre, les Espagnols s’acharnèrent sur lui : deux coups de feu à la tête, huit coups de baïonnette atteignirent le jeune officier.
Pour les défenseurs de la position, cette déferlante fut de trop.
Agissant comme une vague, la démoralisation emporta le centre et les ailes, et les Espagnols, oubliant leur devoir et leur nombre, se mirent à fuir comme des damnés, poursuivis par les chevau-légers noirs de poudre, rouges de sang, ivres d’une joie surhumaine, parcourant le plateau en compagnie des chasseurs de la Garde emmenés par le général Lefebvre-Desnouettes, qui les avaient rejoints.
Les chevau-légers polonais venaient de signer par le sang un contrat de fidélité à Napoléon, et même aux heures sombres, ce « contrat » ne se démentira jamais, puisque, parmi les troupes qui accompagneront l’Empereur à l’île d’Elbe, on trouvera un escadron de ces valeureux Polonais.
L’exploit des « Polacos » avait ouvert la route vers Madrid ; les Espagnols en fuite, se regroupèrent à Segovia, où se trouvait le Général Don José Heredia avec les restes de l’ Ejército de Extremadura (Armée d’ Estrémadure).
Les deux Généraux, Don Benito Sanjuan et Don José Heredia partirent ensemble à l’Escorial, non loin de Madrid à la nouvelle de la capitulation de la capitale le 04/12/1808; leurs troupes, n’ayant plus le moral, faisaient retraite dans le désordre et l’anarchie la plus complète, sans discipline ; Don Benito Sanjuan trouva la mort, assassiné à Talavera le matin du 07/12/1808.
Le Regimiento de Córdoba fut le noyau autour duquel se regroupèrent les dispersés lors de cette pénible retraite, seul îlot dans lequel perdurait un semblant de discipline et d’ordre.
Parmi les blessés se trouvait le commandant du 1er Escadron, le Comte Philippe de Segur dont la monture fut tuée sous lui ; il reçut de multiples blessures qui lui valurent d’être soigné par les chirurgiens de l’Empereur lui-même: il eut l’honneur d’apporter en mains propres au Corps Législatif, les drapeaux espagnols capturés. Lors de cette charge héroïque, les Chevau-légers Polonais eurent plus de 60 morts et 100 blessés, en majorité du 1er escadron.
« VOUS ÊTES TOUS DIGNES DE MA VIEILLE GARDE ; JE VOUS RECONNAIS POUR MA PLUS BRAVE CAVALERIE. »
(NAPOLÉON AUX CHEVAU-LEGERS POLONAIS)
Lannes